C’est le résultat de dix ans de travail : il existe désormais un missel officiel en breton. Le Saint-Siège vient d’accorder sa reconnaissance au livre de messe rédigé par un groupe de prêtres et universitaires spécialistes de la langue bretonne et de la liturgie. « Sur le plan pratique, cela ne change pas grand-chose, car on célèbre des messes en breton depuis longtemps. Mais sur le plan symbolique, c’est un poids supplémentaire important accordé à la langue bretonne dans la liturgie », juge le P. Job An Irien, l’un des rédacteurs du missel.
Les premières épreuves avaient été présentées à Rome en 1997 par Mgr Clément Guillon, alors évêque de Quimper. La Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements avait refusé de donner son aval, exigeant un texte en breton « unifié », plutôt qu’en breton du Léon (nord du Finistère). Traduire le latin en breton a donc nécessité un consensus entre les tenants du breton vannetais et de celui du Léon. Rome a demandé de rectifier certaines anomalies, corrigées par une commission interdiocésaine des trois diocèses de Bretagne occidentale, où le breton est parlé.
Le 25 juin 2012, Mgr Denis Moutel, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, a remis au nonce apostolique les textes corrigés. « Cette reconnaissance était très attendue, explique-t-il. La manière de prier Dieu est la même partout, mais il peut y avoir des résonances particulières selon la langue. C’est le cas en breton. » Il se souvient avoir ressenti une certaine émotion en célébrant une messe en breton, à l’occasion de la fête de la Saint-Loup, à Guingamp.
Jusqu’à présent, la célébration des messes en breton s’appuyait sur une traduction littérale de l’ordinaire de la messe appelée Nevez de Marsel Klerg. Il s’agissait alors d’une autorisation à titre expérimental.
« La possibilité d’utiliser la langue régionale a été autorisée par le concile Vatican II. Auparavant, il n’y avait jamais eu de livre liturgique en breton. Mais on n’a pas attendu le Concile pour dire la messe en breton. Dans certaines paroisses, les neuf dixièmes de la population parlaient cette langue. Il existait des brochures non officielles, qui passaient sous le manteau. Il faut dire que la tradition liturgique en breton offrait des cantiques beaucoup plus catéchétiques qu’en français », explique le P. Guillaume Caous, jeune prêtre bretonnant de 32 ans.
Dans sa paroisse de Corlay, dans les Côtes-d’Armor, les messes en breton ont lieu à la demande, à l’occasion d’un mariage ou de funérailles, par exemple. Mais, plus à l’ouest, dans la paroisse de Rostrenen, une messe en breton a lieu chaque trimestre. « C’est toujours une richesse de pouvoir célébrer la messe dans notre langue », ajoute le P. Guillaume Caous.
Au moins cinq ou six prêtres célèbrent déjà des messes en breton, au moins une fois par mois dans plusieurs paroisses du Finistère, du Morbihan et des Côtes-d’Armor.
RAPHAËL BALDOS, à Rennes La Croix, 21 janvier 2013
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